Colloque de Sorèze

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9ème Colloque - 2012

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Programme du 9ème Colloque

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MERCREDI 8 FÉVRIER

10h00 Ouverture du colloque par Pierre Arbus

DU MOT À LA MÉMOIRE, RÉSONANCES DU PAYSAGE SONORE

Modérateur : Pierre Arbus (Université de Toulouse II - Le Mirail)

10h30 Simon Cacheux (designer sonore) et Audrey Moutat (Université de Limoges)

Paysage sonore ou paysages sonores : question de représentation Partant des considérations de R. Murray Schafer sur le paysage sonore, cette communication vise à en enrichir la définition (et notamment le vocabulaire qui lui est associé) au regard d’une confrontation entre les descriptions proposées par les professionnels du son et celles des néophytes. Une analyse sémantique comparative des descriptions de paysages sonores formulées par des néophytes d’une part, professionnels du son de l’autre, visera à mesurer les écarts perceptifs entre les sujets et à déterminer la structure et l’organisation d’un paysage sonore ; une réflexion enrichie par une étude du Jardin des Sons du domaine de Laborie où la description du sonore s’accompagne d’une activité créatrice de l’écoutant.

11h15 Massimo Olivero (Université Sorbonne Nouvelle - Paris III)

Persistance du paysage sonore dans le cinéma parlant des années trente Dans les années trente, certains cinéastes exploitent encore la plasticité du paysage qui caractérisait le cinéma muet, pour produire une image-sonore, qui était inexprimable par la seule narration. Cette représentation du paysage, qui pour Eisenstein témoigne la non-indifférence de la nature, lui redonne un rôle central dans une mise en scène, celle du cinéma parlant, qui tendait à le reléguer en l’arrière-plan comme un décor sans importance. Dans des films comme L’Or des mers d’Epstein, Ivan de Dovjenko ou Au bord de la mer bleue de Barnet, on retrouvera la persistance d’une esthétique qui voulait sauvegarder la force évocatrice de l’image-sonore et lutter contre la logorrhée de l’image parlante.

12h00 Mylène Pardoen (Université Lyon 2)

Vers une archéologie du paysage sonore De nombreux musées réclament une « re-mise en scène ou en contexte » des oeuvres d’art ou des faits historiques, afin que ceux-ci présentent « une tranche de vie ou d’action ressortie du passé ». Les deux installations sonores servant d’illustration à mes propos sont de ce type. Restitution sonore de cinq batailles du XVIIe au XIXe siècle ou projet Bretez (restitution multimédia de Paris au XVIIIe siècle), ces réalisations posent des questions fondamentales : peut-on entendre le passé ? Pourquoi et comment restituer ce passé sonore ? L’archéologie du paysage sonore relève-t-elle du concept de paysage sonore ?

13h00 - 14h45 Déjeuner

DES POÏÉTIQUES DE L’ARPENTEUR

De la collecte d’échantillons sonores à l’élaboration d’un imaginaire paysager

Modérateur : Patrick Barrès (Université de Toulouse II - Le Mirail)

15h00 Cédric Peyronnet (artiste sonore)

Explorer le territoire par l’écoute et l’enregistrement Deux de mes derniers projets d’exploration du territoire par l’écoute et l’enregistrement de ce que l’on pourrait qualifier de « part sonore » du paysage, en régions Limousin et Bourgogne, ont été l’occasion de mettre en œuvre un panel d’outils et de méthodologies proposé par les communautés gravitant autour de la notion d’environnement au sens large. Quels sont ceux qui se sont révélés adaptés, utilisables, pertinents ? Qu’ont fini par recouvrir les notions d’ « objet sonore », de « paysage sonore » dans ce cadre ? Comme le définit Michel Chion, est-ce l’enregistrement qui « permet la fabrication du paysage » ?

15h45 Serge Cardinal (Université de Montréal)

Radio Road movies : la renaissance sonore du paysage Le paysage sonore est la catastrophe du paysage pictural. C’est ce que laisse entendre Radio Road Movies, de Christian Calon et Chantal Dumas. L’enregistrement sonore rend la vérité aspectuelle des éléments de la nature, mais non sans la temporaliser : dans cette variation de la réalité se perd la distinction des formes. La composition des sons peint un paysage, mais, la jonction des plans étant processuelle, l’auditeur risque à tout moment de le perdre. Comment tirer un paysage de ces catastrophes ? D’abord, en cartographiant les intensités sonores. Ensuite, en rappelant le souvenir d’un regard, celui d’une caméra.

16h30 Pauline Nadrigny (Université de Paris I - Panthéon Sorbonne)

Échos de Walden : les penseurs du paysage sonore à l’écoute de Henry David Thoreau Décrivant la nature comme une « immense composition musicale », Schafer ne cache pas sa dette à l’égard de l’auteur de Walden . Mais cet héritage pose problème en ce qu’il simplifie la conception que se fait Thoreau de l’harmonie naturelle. Nous proposons de comparer cette reprise de Thoreau à celle qu’opère une autre pensée des sons environnementaux : celle de John Cage, qui en retient une conception anarchique du monde sonore. Les échos de Walden chez Schafer et Cage permettront de révéler un débat interne aux théories du paysage sonore, portant sur les présupposés axiologiques de l’écologie acoustique.

JEUDI 9 FÉVRIER

DES GÉOGRAPHIES SONORES

Modérateur : Sophie Lécole Solnychkine (Université de Toulouse II - Le Mirail)

10h00 Benjamin Capellari (Smith College, ENS Ulm)

Des paysages d’Europe orientale en musique, l’exemple de Má Vlast de B. Smetana Peindre et dépeindre en musique, c’est l’idée paradoxale que suggère la notion de paysage appliquée à ce qui est par excellence un art du temps, et un art abstrait. Détachée de toute scène de théâtre, la forme du poème symphonique suggère à partir d’un argument, mais n’a d’autre support que la musique même pour donner à voir ce qu’elle incarne. Nous chercherons ici à proposer une exploration d’une œuvre symphonique d’Europe de l’Est, du XIXe siècle tchèque, à travers l’idée qu’elle tente de présenter, conter, décrire et dépeindre à l’auditeur un paysage national.

10h45 Philippe Ragel (Université de Toulouse II - Le Mirail)

Coupes sonores à Téhéran Aux stases paysagères du maître persan Abbas Kiarostami l’a cédé depuis plus de dix ans un cinéma urbain de la question politique et sociale. Le son ne fut pas le moindre acteur de ce déplacement vers Téhéran. En témoignent les films bruyants de Jafar Panahi, d’Asghar Farhadi, de Bahman Ghobadi. Souvent frappés d’interdit, ils opèrent une véritable radioscopie sonore du nouveau paysage contestataire iranien. Mais pas seulement. En coupe, ils auscultent aussi un arrière plan culturel dont il faudra bien se demander ce qu’il nous apprend de la société iranienne contemporaine, de ses mutations, de sa relation à l’Occident comme à ce mode de représentation exemplaire que constitue aujourd’hui pour elle le cinéma.

11h30 Aleksandra Lypaczewska (École Supérieure d’Art des Pyrénées)

Ryoanji de John Cage : paysage minéral, paysage sonore Comment une abstraction minérale destinée à être contemplée peut devenir une composition musicale ? John Cage répond à cette question en créant entre 1983 et 1985 cinq paysages sonores inspirés par le jardin zen du monastère japonais Ryoanji. Le processus compositionnel, l’aspect graphique de la partition ainsi que le résultat sonore reflètent l’organisation parfaite d’un jardin zen : précise et appliquée. Ce paysage sonore, en apparence immuable - à la manière de son modèle visible - évolue subtilement dans la durée. Ryoanji de John Cage est une pièce qui permet à la matière minérale de devenir audible et d’emporter l’auditeur dans un espace sonore, dématérialisé.

13h00 - 14h45 Déjeuner

DES ÉCRITURES DU SILENCE

Modérateur : Guy Chapouillié (Université de Toulouse II - Le Mirail)

15h00 Alexandru Matei (Université Spiru Haret, Bucarest)

Les liens entre les textes de certains écrivains ou artistes modernes et le silence (de Mallarmé à John Cage) ont pour source première un constat théorique : la parole n’a elle-même de sens qu’entouré de silence. Plus il y a de silence autour des paroles - et du bruit mondain - plus l’effet insolitant (« ostrenie », pour employer l’attribut définitoire de la littérarité selon les formalistes russes) augmente. Nous voudrions rapporter dans une perspective esthétique les silences de fond dans le film de Andrei Ujica L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu (2010) et le thème du silence chez Roland Barthes, pour approcher ainsi, des deux côtés, une des seules réalisations, sensibles, de l’absolu esthétique au début de ce troisième millénaire.

15h45 Sylvain Louet (Lycée Montaigne, Paris)

Figures du sublime dans les paysages sonores du vide, Gus Van Sant / Sharunas Bartas Le sublime s’origine dans le son. Aussi souhaite-t-on confronter les paysages sonores de Gus Van Sant, qui recourt à de la musique et aux effets sonores, et de Sharunas Bartas, qui privilégie un naturalisme symbolique et hiératique. Tous deux représentent différemment le sublime à travers « la minute du considérable danger : l’extase devant le vide » (René Char, « À une sérénité crispée »).

16h30 Benjamin Thomas (Lille 3, Paris 10, Strasbourg, Clermont-Ferrand 2)

Ne pas laisser la ville au seul visible : des usages du (bruit du) vent dans la représentation de la ville chez Hirokazu Kore-eda De nombreux films japonais contemporains s’emploient à faire émerger la ville comme matérialité, obstruant aussi bien l’horizon que la perspective d’une circulation effective de tout lien inter-humain. Mais parmi ces films, certains vont plus loin et tentent de proposer de nouveaux modes d’être en ville, qui déjoueraient son caractère d’entrave concrète. Les œuvres de Hirokazu Kore-eda s’inscrivent dans cette démarche, mais ils le font d’une singulière façon. Le cinéaste fait en effet le choix de privilégier le son, et d’associer à la ville à une présence sonore inattendue : le bruit du vent.

17h15 Daniela Ricci (Université Jean Moulin - Lyon 3)

La voix du vent dans Heremakono de Abderrahmane Sissako Avant de partir en Europe, Abdallah vient retrouver sa mère à Nouadhibou, petite ville de pêcheurs, sur la côte mauritanienne, entre le désert et l’océan. Sa compréhension de cet univers passe à travers l’écoute du paysage : la musicalité d’une langue qu’il ne comprend pas, le souffle du vent, les vagues de la mer, le thé qui coule, les chants des enfants, la voix de la radio, les bruits du marché, et toutes les « images sonores » d’un lieu où les regards rivés vers l’horizon semblent chercher le bonheur ailleurs.

VENDREDI 10 FÉVRIER

DE L’ESPRIT D’ATELIER

Modérateur : Pauline Nadrigny (Université de Paris I - Panthéon Sorbonne)

10h00 Pierre Commenge (Créateur multimédia, Collectif Échelle inconnue)

Écouter chuchoter les murs « Écouter chuchoter les murs » est l’aboutissement d’un travail d’entretiens de neuf mois sur la visibilité de la présence musulmane à Marseille. De ce travail, une cartographie sonore a été réalisée. Cette carte immatérielle se parcourt, équipé d’un boîtier géolocalisé réalisé spécifiquement et muni d’un transducteur sonore qui donne naissance au son dans les matériaux urbains, les utilisant comme support de résonance. Les sons sont localisés autour de lieux et d’espaces choisis. Les textures du son fluctuent d’une surface d’écoute à l’autre selon les choix de l’auditeur / promeneur, déclencheur d’une écoute collective et « extime », entre documentaire dans les murs et création sonore poétique.

10h45 Nicolas Planchard (Université de Versailles Saint-Quentin)

Touch, un laboratoire de paysages sonores Fondé il y a trente ans, la structure audiovisuelle Touch constitue l’un des plus anciens labels indépendants britanniques toujours en activité. Depuis 1982, Touch s’est distingué par son catalogue qui rassemble de grands noms de la musique électronique (Biosphere, Fennesz, Chris Watson). Tout autant qu’un son, ce sont les paysages photographiés par Jon Wozencroft qui marquent l’identité de Touch. Les publications de Touch s’inscrivent d’autant plus dans les paysages que de nombreux artistes puisent dans le Field recording les sons à l’origine de leurs musiques. Chris Watson et BJ Nilsen sont deux artistes représentatifs d’une esthétique Touch. Le premier construit des récits de voyages exclusivement constitués d’enregistrements glanés lors de ses périples tandis que le second amène les sons concrets vers des contrées plus mélancoliques et pastorales : deux approches de la composition du paysage sonore.

11h30 Patrick Barrès (Université de Toulouse II - Le Mirail)

Motifs sonores dans les pratiques du land art, motifs d’invention du « paysage dialectique » Dans la démarche du landartiste Robert Smithson, la poïétique paysagère s’organise entre les deux pôles du site et du non site, rapportées à des variables d’intensité (son, lumière, couleur), et coordonnées à des motifs d’altération et à des moteurs de « dé-différenciation ». Les concepts et les scénarios poïétiques développés par Smithson sont au cœur de pratiques contemporaines dans les domaines du land art et de l’architecture orientées vers l’instauration de paysages sonores. Ils participent à une redéfinition des enjeux sur le plan de la construction paysagère et en matière d’environnement.

13h00 - 14h45 Déjeuner

POÉTIQUE DE L’ENTRE-DEUX : HORIZONS ET FRONTIÈRES

Modérateur : Delphine Talbot (Université de Toulouse II - Le Mirail)

15h00 Patrick Romieu (Socio-anthropologue, chercheur associé Cresson, CNRS / École d’Architecture de Grenoble)

Pour une critique de la notion de Paysage Sonore à l’épreuve de l’expérience sensorielle Notre communication s’efforcera de répondre à la question suivante : dans quelle mesure la notion de Paysage Sonore permet-elle de penser les expériences de la complexité acoustique ? Nous tenterons, à partir de l’écoute de quelques scènes sonores, d’identifier les limites à la fois descriptives et épistémologiques des champs conceptuels coextensifs de la notion. Si l’idée même de Paysage Sonore a constitué en son temps une véritable opportunité permettant d’unifier des expériences complexes difficilement communicables, une pensée rigoureuse fondée sur une anthropologie du son se doit de dépasser aujourd’hui les cadres rassurants de l’écoute un peu hâtivement peut-être qualifiée de paysagère.

15h45 Thierry Millet (Université d’Aix-Marseille)

Entre chien et loup, un paysage sonore proliférant à l’orée de nos sens Tout en étant esthétiquement différents, les films Sombre (1998) de Philippe Grandrieux, et Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010) d’Apichatpong Weerasethakul, partagent un traitement sensiblement proche de l’image et du son. En empêchant la vision, un trouble perceptif s’installe, nous confrontant à la perte, à l’altérité et à la synesthésie. L’univers sonore est alors en charge et en réserve de formes intimement proliférantes qu’il appartient au seul spectateur de convoquer, d’animer, d’éprouver. Les hallucinations hypnagogiques entre les deux modes perceptifs vont alors proliférer dans un espace temps que l’on qualifiera d’entre chien et loup. Car, dans ces deux films, c’est tout un monde monstrueusement animal qui se manifeste à l’orée de nos sens.

16h15 Erika Thomas (Université Catholique de Lille CMCI-FLSH)

Enveloppe sonore du Sertão : Vidas Secas (Nelson Pereira dos Santos 1963) ou le son à perte de vue Le film brésilien Vidas Secas (Nelson Pereira dos Santos, 1963) emblématique du cinema novo des années soixante, s’ouvre et se referme sur le son strident et particulier d’un char à bœufs. À moins qu’il ne s’agisse d’une plainte autour de laquelle s’articule le propos central du film discutant de la misère du Nordeste et de ses vies déshumanisées. En considérant la dimension rhétorique de ce son et en déconstruisant ses spécificités, nous pourrons statuer sur ses qualités d’enveloppe sonore du Sertão.

17h00 Synthèse du colloque par Sophie Lécole Solnychkine (Université de Toulouse II - Le Mirail)

Paysage sonore, échographie du monde...

Paysage sonore, échographie du monde...

Appel à communications

9ème Colloque de Sorèze, Organisé par l'Ecole Supérieure d'Audiovisuel ( ESAV), le Laboratoire de Recherche en Audiovisuel (LARA), Savoirs, Praxis et Poïétiques en Arts plastiques et appliqués (SEPPIA), l'Université de Toulouse II le Mirail. Les 8, 9, 10 février 2012 à l’Abbaye École de Sorèze (Tarn) Site internet : colloque.de.soreze.free.fr

Argument :

En tant que telle, l’expression « paysage sonore » pose manifestement question. En effet, elle emploie, pour désigner un objet appartenant au registre de l’audible, un terme qui renvoie spécifiquement à l’ordre du visible. Cependant, à y regarder – écouter - de plus près, l’apparent paradoxe ne tient pas, et cède face à l’apparition d’une circularité des sensorialités : lorsque le paysage, plus largement le visible, sollicite le registre sonore, appelle de ses traits l’audible, lui donne force d’expression, transformant le contempleur… En auditeur.

Si l’on consent à cette alliance du paysage, visible, avec le sonore, audible, jusqu’à la subversion d’un renversement, celui du paysage que l'on écoute, celui du sonore que l’on paysage, alors, dans l’ombre des paupières closes, c’est l’émergence de tous les possibles d’un paysage dont les résonances nous deviennent lisibles : le Paysage sonore, dans le chemin parcouru depuis l’instant d’une réception au présent, d’un réel dont nous sommes le point d’écoute et, naturellement, l’interprète, jusqu’à la représentation et la tentation à l’œuvre, au-delà du compte-rendu, de la prise de notes. Le paysage sonore enregistré et temporel, plus loin comme invention, plus loin encore, comme écriture !

Déjà, en son temps, Léonard de Vinci mettait ses contemporains au défi de rendre « sonores » les paysages peints : une exhortation à « rendre sensible non seulement le visuel du déluge, mais aussi le gargouillement des rivières, les pleurs et les cris des hommes, l’orgie des tonnerres, les hurlements des vents… » (Carnets). Et il n’est pas étonnant que l’on retrouve cette même citation dans un article de S. Eisenstein, Montage 1938, paru dans la revue Isskoustvo kino l’année suivante, dans lequel le cinéaste évoque la possibilité pour le cinéma muet de suggérer, par différents procédés cinématographiques, les sons pour l’instant tu.

Sur ce fil de la circularité des spécificités inhérentes à chaque sens, à chaque paysage (visible et sonore), une étude du passage des problématiques fondamentales, du paysage pictural (structure d’horizon, cadrage, étagement de plans successifs, perspective, jeux de la figure et du fond, de la profondeur et de la distance, etc.) au paysage sonore, nous paraîtrait bienvenue. L’organisation spatiale du paysage pictural, cinématographique, devient-elle une organisation temporelle dans le paysage sonore, réduisant ce dernier à un ensemble d’isolats (P. Schaeffer) ? Le paysage sonore, plastique, n’appelle-t-il pas lui aussi de l’écriture, de la graphie, une mise en espace, une scénographie, une dramaturgie ?

Toutefois, si l’on assiste, à travers la caméra d’Andreï Tarkovski, à l’écriture sonore d’une mystique du paysage, souvenons-nous que c’est à l’écoute du tintement parfait de la cloche, fondue au péril de sa vie par le jeune Boriska, que se dessinent, chez Andreï Roublev, non seulement le retour de la foi et son corollaire, non moins vital, celui du désir de peindre, mais aussi le retour de la parole, l’iconographe rompant enfin son vœu de silence.

Ces cloches, ce peuvent être aussi celles invoquées par l’historien des sons et des odeurs Alain Corbin dans son ouvrage éponyme, les « cloches de la terre ». Campaniles, cornes de brume, sons-territoires ou landmarks, que l’on retrouve également, à travers la posture, tout à la fois musicale et documentaire – poétique assurément, du World Soundscape Project porté, à Vancouver, par Robert Murray Schafer et sa troupe...

Ce terme, landmark (R. Murray Schafer), que l’on ne traduit en français (marqueur sonore) qu’au sacrifice de l’une de ses dimensions prévalentes, renvoie au marquage territorial, à la délimitation, à la borne qui jalonne des parcelles. Cette dimension spatiale du paysage sonore, mais plus largement aussi du son, nous souhaitons l’approfondir dans ce colloque. Que cet ancrage spatial soit celui du « promeneur écoutant » (M. Chion) qui chemine dans le paysage, marquant de son pas à la fois le rythme du soundscape et le sol du landscape, ou celui du cinéaste, du musicien, du plasticien ou du praticien du fieldrecording qui réfléchit à la diffusion du son, par exemple en imaginant des dispositifs immersifs.

Ce sont bien ces expériences de l’immersion, que Pascal Amphoux décrit par un vocabulaire choisi – “fluidité, fluvialité, continuité, enveloppement, engloutissement, circulation, mobilité, passage, agitation, flux, mixité, mélange ou fusion, mise enceinte – qui submerge dans sa propre fluidité l'auditeur” – dont on voudrait parcourir les visages, les gestes, les manières intérieures, les résonances sensibles et imaginaires qu’elles suggèrent...

Nous accueillerons pour une première sélection toutes les propositions de chercheurs, enseignants-chercheurs, professionnels de l’image et du son, inventeurs, créateurs et artistes cinéastes, plasticiens, sonores et radiophoniques...

Environ 2000 caractères (espaces compris), accompagnés d’une courte biographie / bibliographie de l'auteur, et d’un résumé d’une centaine de mots pour la préparation du programme (format impératif), avant le 30 novembre 2011, pour une réponse avant le 20 décembre 2011.

Chaque communication durera 30 minutes, auxquelles s'ajouteront 15 minutes de débat avec le public. On privilégiera l'énergie et le mouvement de la parole, la diffusion / projection d'œuvres ou d'extraits d'œuvres, la dynamique de l'échange... Les propositions sont à envoyer à : Sophie Lécole / Pierre Arbus colloque.de.soreze@free.fr